Serge Tisseron à Clermont
Serge Tisseron, spécialiste des écrans, en conférence à Clermont ? Je me devais d’y assister ! Je te propose de te faire un retour. Mais je te préviens, ça ne va pas être toujours très agréable. En effet, on va interroger notre attitude de parent face aux écrans. Oui, en gros, c’est « celui qui dit qui y’est » quoi…
Serge Tisseron, on ne le présente plus… mais je vais le présenter quand même 😜. Psychiatre et psychanalyste, il est notamment connu pour avoir créé le système 3 – 6 – 9 – 12.
Le but de ce code est d’aider les parents à réguler l’utilisation des écrans, en rappelant les âges critiques : 3 ans, 6 ans, 9 ans, 12 ans.
Ça ne date pas d’aujourd’hui
Comme l’a rappelé Serge Tisseron, contrairement à ce qu’on pourrait penser, la question des écrans n’est pas nouvelle. Il a d’ailleurs commencé ses travaux au début des années 90.
Hier me diras-tu ?… Il y a presque 30 ans tout de même ! (Le coup de vieux, c’est cadeau, ne me remercie pas !).
Par contre, ce qui est nouveau, c’est l’angle choisi par les différentes campagnes de sensibilisation pour aborder le problème. En effet, au début, il était question des ados et des jeux vidéos, puis peu à peu le curseur s’est déplacé aux bébés, pour désormais se concentrer sur l’usage que fait le parent de son écran.
Les écrans, une affaire de parents !
Ce fut le début d’un long malaise : le moment où tu te rends compte que tu es loin d’être irréprochable et que la remise en question va être douloureuse.
En effet, comme beaucoup de parents, je suis très informée et sensible aux dangers des écrans pour les enfants. Je me sentais donc assez peu concernée par ces problématiques à titre personnel. Pas de télé chez nous en général. Tout au plus quelques documentaires ou dessins animés de temps en temps, contrôlés rigoureusement, et nos enfants sont trop petits pour que les questions d’internet ou des jeux vidéos soient d’actualité… Sauf que comme le rappelle Serge Tisseron, ce n’est plus vraiment ça le problème !
Regarde-moi, je grandis !
Le slogan de la prochaine campagne de sensibilisation de Serge Tisseron sera « Vos enfants ont besoin de votre regard, n’interposez pas votre smartphone entre eux et vous ». Car, depuis quelques mois, l’inquiétude se déplace du côté des adultes, qui ne consacrent jamais toute leur attention à leur enfant, parfois très jeune, parce qu’ils sont accaparés par leur portable. En plus de ne pas être très agréable, ça implique surtout des conséquences sur le développement des petits.
Premier problème : on n’interagit pas vraiment avec son enfant quand on utilise son portable, on s’exprime avec des phrases beaucoup plus pauvres, et on ne fait pas de mimiques. Or, c’est grâce à ces petites grimaces et autres expressions faciales que l’enfant apprend notamment à reconnaître les émotions.
« Fais ce que je dis pas ce que je fais »
Quand l’enfant grandit, ce modèle d’une utilisation intensive des écrans nous fait entrer dans la position délicate grandement répandue chez les parents : le « Fais ce que je dis pas ce que je fais ».
En effet c’est difficile de se plaindre du fait que nos enfants et ados sont attirés par les écrans quand soi-même on passe notre vie sur notre smartphone, n’est-ce pas… Et c’est bien là que ça fait mal : c’est comme la cigarette, on peut parler de l’exposition passive à l’écran.
Alors cela risque de ne pas être facile tous les jours mais on peut le faire : il est temps de changer nos habitudes ! Alors c’est parti, on suit les recommandations de Serge Tisseron concernant les règles fondamentales à respecter.
Règle n°1 : jamais d’écran pendant les repas !
Première règle : interdiction totale et absolue d’utiliser son téléphone pendant les repas. Une évidence me direz-vous ! Oui enfin, de mon côté, il se trouve que j’ai une prise USB très pratique pour recharger mon téléphone à côté de ma table de cuisine (et comme je ne citerai pas la marque de mon smartphone mais qu’il est tout le temps déchargé, autant dire qu’il y est branché à chaque repas …). Et un petit coup d’œil par-ci, ou un message urgent par là… Bref, je ne suis pas irréprochable !
La « panière à portables »
N’importe quel coach vous le dira : il est plus facile d’éloigner la tentation que de se forcer à y résister sans cesse ! Alors, on éloigne l’objet de la tentation : fini le portable à portée de main à tout instant !
On peut par exemple mettre en place une « panière à portables », proche d’une prise si on veut, mais loin de nous, au moins le temps des repas. Si on a des ados, ils mettent leur téléphone aussi, mais surtout, surtout, on n’attend pas que nos enfants soient grands pour mettre en œuvre cette bonne pratique !
Règle n°2 : jamais d’écran dans la chambre à coucher !
Il n’y a pas que dans la cuisine que le portable n’a pas le droit de cité. En effet, la règle numéro 2 est catégorique : interdiction totale et absolue d’utiliser son téléphone dans sa chambre.
Evidemment, la fin du téléphone avant de dormir, on sait bien que c’est une bonne idée. On connaît les effets néfastes de la lumière bleue pour un sommeil tranquille et réparateur… mais il faut avouer que cesser de passer de longues heures futiles sur Internet ou des jeux en ligne n’est pas si facile !
En général, l’excuse n°1 du portable à côté du lit, c’est qu’il sert de réveil ! Donc c’est parti pour le retour aux sources : on s’achète un vrai réveil ! Qui sait? On pourrait même se remettre à lire des livres, pourquoi pas ? Double bénéfice : on dort mieux et on lit plus !
Les écrans : on donne l’exemple !
Pas le choix : pour que les règles soient suivies par les ados, il faut les respecter soi-même et donner l’exemple, depuis toujours… ou depuis le plus longtemps possible !
En effet, le portable, c’est un sujet qui va arriver très tôt sur le tapis, du moins beaucoup plus tôt que l’âge auquel on voudrait voir notre enfant en posséder un ! Alors on prépare le terrain : on évoque comment ça se passera quand notre enfant en aura un :
« Quand tu auras un téléphone portable, tu feras comme nous, tu ne le décrocheras jamais à table, ni ne l’emmèneras dans ta chambre. »
Règle n°3 : ne jamais lui prêter son portable
La troisième règle est peut-être la moins suivie et la plus surprenante de toutes… Serge Tisseron insiste sur le fait qu’il ne faut jamais prêter son smartphone à son enfant. Dans ce cas, il va penser qu’il est autant à lui qu’à nous. Il va prendre l’habitude de le prendre dès qu’il le voit, ce qui va poser problème.
En plus c’est un objet finalement très intime, on a toute notre vie dedans, et autant pour le parent que pour l’enfant, il est mieux que chacun ait son jardin secret.
Les enfants ont le droit à leur intimité
C’est pour cela qu’il est important de bien attendre et réfléchir avant d’acheter le portable : il y a un avant et un après. Mais en tout cas on ne peut pas prêter notre portable à son enfant quand on veut, et vérifier tout ce qu’il a fait dessus une fois qu’on le reprend. Il a le droit d’avoir son jardin secret, de la même façon que nous.
Il n’est jamais trop tard !
Cher parent, si tu te désespères en réalisant à quel point de mauvaises habitudes se sont immiscées dans ton quotidien familial, rappelle-toi qu’il n’est jamais trop tard pour changer ! Ça va sans doute être long et parfois difficile, mais ça ne va pas être impossible !
Pour que ça fonctionne par contre, tout le monde doit y mettre du sien, on ne peut pas instaurer une règle qu’on ne suit pas du tout… On peut en parler ensemble, lors d’un TEF par exemple, faire le point sur les soucis posés par trop de portable, et mettre en place de nouvelles habitudes. En se rappelant que ça ne va peut-être pas fonctionner du premier coup, mais ce n’est pas grave.
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