Comme une image
C’est l’histoire d’un petit élève comme on en rêve.
Il est poli, il est calme, il respecte les consignes et fait son travail avec soin et application.
Ce petit élève est sage comme une image.
Justement, c’est une image : celle de l’élève parfait. Tout juste un peu trop discret.
C’est l’histoire d’un petit élève que tout le monde apprécie, et chaque jour, ses parents reçoivent des compliments lorsqu’ils vont le récupérer à l’école. On s’extasie devant ce petit élève si parfait.
« Ah, si tout le monde pouvait être comme lui ! »
Oui mais…
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce petit garçon n’a jamais vraiment aimé l’école.
Le soir de son tout premier jour en petite section de maternelle, il a déclaré « C’est bon, z’est vu ce que c’est l’école, z’ai plus besoin d’y retourner ».
Mais, comment peut-on ne pas aimer l’école quand on est un si bon élève ?
C’est vrai que le dimanche soir est difficile, le lundi matin aussi, les rentrées… aussi. Des plaintes, des questions angoissées « combien de jours avant l’école ? », des pleurs.
De plus en plus de pleurs.
Mais enfin, comment peut-on ne pas aimer l’école quand on est un si élève parfait ?
Pile ou face
À la maison, le petit garçon est souvent impressionnant.
Pas de plus grand plaisir pour lui que de s’entendre épeler des mots pour les écrire.
Pas de jeu plus amusant que d’additionner encore et encore toutes sortes de chiffres.
Il s’intéresse à tout.
Il est vif, souriant, et plein d’esprit.
Un jour, il réclame d’apprendre à lire, à l’heure où les autres enfants
commencent à peine à reconnaître quelques lettres. Et puis il dessine, bien. Vraiment très bien.
À la maison, il est… lui.
Et à l’école, il est… ce qu’on attend de lui.
Sage, et discipliné. Il respecte les consignes, à la lettre.
Et puis, il se fond dans la masse de ses petits camarades.
Dessinent-ils des bonhommes bâtons ? Lui aussi ! Peu importe qu’à la maison il représente des foules de personnages pleins de détails, aux visages plein d’expressions.
Peinent-ils à reconnaître l’initiale de leur prénom ? Lui de même! Peu importe qu’à son petit bureau il ait entrepris de créer son premier livre.
Après tout, il fait tout à fait ce qu’on lui demande, et on n’attend pas de lui qu’il sache faire plus que ses petits camarades.
C’est un caméléon…
C’est l’histoire d’un petit élève calme, attentif, et sage, sage, vraiment sage.
« C’est un bonheur de l’avoir en classe, vraiment, si tout le monde pouvait être comme lui ! »
Mais de plus en plus souvent, au moment même où ses parents s’entendent prononcer ces mots, le petit garçon explose.
Cris, pleurs, tempêtes d’émotions, sont de plus en plus fréquents, et ce, dès le moment où les parents viennent le récupérer à l’école.
Le soir, il a de plus en plus de mal à s’endormir. Le matin, il sanglote dès que ses yeux s’ouvrent, refusant de retourner à l’école. Les raisons sont un peu obscures, mais le mal-être certain.
Alors ses parents se tournent vers l’école. Tâchant d’expliquer ce qu’ils vivent.
Cet enfant qui explose… pourtant si calme toute la journée.
Cet enfant qui sait lire… pourtant tout juste capable de reconnaître les lettres de son prénom lors d’une activité dédiée.
Cet enfant si malheureux… qui paraît pourtant si heureux toute la journée.
« Mais moi, quand je le regarde, je vois un élève heureux ! s’exclame la maîtresse. Je ne peux pas croire qu’il soit possible de faire semblant de l’être toute la journée ! »
C’est si difficile à croire, effectivement. Et pourtant, cela existe, et ça a un nom : la suradaptation.
… derrière lequel se cache un zèbre.
Ce petit garçon, c’est un petit zèbre déguisé en caméléon.
Et ça, c’est difficile à comprendre, même pour les parents !
Ce n’est pas toujours facile d’oser parler de son enfant haut potentiel. Qui peut se plaindre d’avoir un enfant doué ?
Pourtant, il ne s’agit pas de se plaindre!
Alors, si cet article résonne en toi, et que tu as besoin d’écoute, de partage et d’outils, je me ferai un plaisir de t’accueillir au(x) Café(s) des Parents (de) Zèbres : en présentiel, ou en visio !
Et si tu connais quelqu’un.e qui en aurait besoin, n’hésite pas à lui transmettre cette Chronique Buissonnière !
Cet article est la Chronique Buissonnière du 12/04/2024. Si tu as aimé et que tu veux recevoir les prochaines newsletters, il suffit de t’inscrire ici!
Merci beaucoup pour cet article, je vis ça souvent à la maison… Mon fils est un peu comme papa et un peu comme maman, un peu autiste et un peu HP. À l’école, il fait de gros efforts, il veut bien faire, il a 8 ans mais passe souvent pour l’intello parce qu’il connait plein de mots…Le soir, tempête à la maison : il faut débriefer les comportements, rassurer, calmer les ouragans de peurs (de ne plus être aimé, d’être nul…). Difficile de s’endormir, trop de peurs. Le matin, il faut retourner dans la tempête car il n’a pas envie d’aller à l’école, à la maison, la liberté créatrice et la soif de connaissances n’ont pas de limites, mais à l’école… d’ailleurs je le comprends… pas d’amis, pas de points communs, alors comme tu dis, il fait le caméléon, joue à la balle avec une fille, un peu marginale elle aussi… mais il n’a pas envie d’y aller… et en effet, la maîtresse ne voit que le bon élève, qui fait bien son travail. Ça, c’est un petit aperçu … Merci pour ton article qui permet de me dire qu’on n’est pas seul(e)s !