Si je te dis qu’aujourd’hui j’ai envie qu’on réfléchisse ensemble au regard qu’on porte sur les devoirs, tu as envie de refermer cette page avant même de l’avoir lue ? Alors c’est sans doute la preuve que tu as besoin de la lire ! 😜 Je te promets, ça va être moins barbant que ça en a l’air. Tu me suis ? C’est parti !
J’ai une question pour toi !
Avant toute chose, j’aimerais te poser une question. Et je voudrais que tu prêtes attention à ce qui va te venir immédiatement à l’esprit, sans réfléchir.
Pour toi, à quoi ça ressemble, « faire ses devoirs » ?
Tu te représentes quel lieu ? Quelle position ? Quel contexte ? Quelle ambiance ? Quelle méthode d’apprentissage ? Quel matériel ?
Une (première) représentation pas très fun
Je suis prête à parier que ta première représentation de ce moment des devoirs n’était pas très réjouissante, je me trompe ? Tu sais, je crois qu’on a tou.te.s plus ou moins cette image en tête quand on pense aux devoirs : celle d’un.e enfant assis.e à un bureau, en train de lire, de recopier, pendant un temps… qui peut s’étirer bien trop longtemps. Et je ne te parle même pas de l’atmosphère, ni des émotions associées à cette scène !
Repenser le temps des devoirs
Bien sûr, cette première pensée a certainement été rapidement corrigée par une seconde : « Non, les devoirs ne se font pas forcément au bureau, pas obligatoirement assis.e, on peut inventer des jeux pour apprendre, etc. ». En effet, l’idée fait son chemin : les devoirs peuvent se faire dans de nombreux endroits, dans différentes positions, et selon des méthodes ludiques. C’est certain, les découvertes des neurosciences paient, et notre vision des choses évolue peu à peu. Mais comment se fait-il que ce soit si difficile de modifier notre façon de penser, d’imaginer les devoirs ?
L’impact de nos représentations
J’ai réalisé que changer notre perception des devoirs était difficile parce qu’il n’est pas seulement question de modifier des pratiques enracinées depuis des générations. En effet, ce ne sont pas seulement des habitudes : ce sont de véritables représentations, profondément ancrées en nous. Elles façonnent inconsciemment notre manière de faire et d’agir. Elles sont le produit de notre éducation, de notre société, de notre… système scolaire. Et nous voilà à reproduire des façons de procéder, sans même s’en rendre compte, parce que c’est cela qu’on a l’impression qu’il faut faire pour répondre aux attentes.
Défier nos vieilles représentations, jour après jour
Chaque jour, je réalise à quel point nos vieilles représentations des devoirs (et plus généralement de ce que cela doit être apprendre, ou l’Ecole) sont tenaces.
J’en prends conscience au Centre Educatif Renforcé (C’est quoi un CER ?), où j’enseigne à des ados pour la plupart décrocheurs, et en tout cas pas du tout « scolaires ».
Pourtant, l’une de mes premières batailles, c’est les convaincre que ce qu’on fait, c’est bien « l’Ecole », même si ça ne ressemble en rien à ce qu’ils connaissent.
J’en prends conscience au sein du Contrat Local d’Accompagnement à la Scolarité (C’est quoi le CLAS ?), où j’assiste les intervenant.e.s, salarié.e.s ou bénévoles, dans l’encadrement des enfants et des ados, notamment lors des devoirs. Parmi iels, certain.e.s sont parfois très âgé.e.s (notre doyenne a 90 ans !), mais leur motivation à consacrer du temps aux jeunes et à envisager des approches pédagogique novatrices est indéniable.
Pourtant, l’une de mes premières batailles, c’est les convaincre que ce qu’on fait, c’est bien « les devoirs », même si ça ne ressemble en rien à ce qu’iels connaissent.
Plus que tout, j’en prends conscience quand j’aborde la question avec d’autres pros des apprentissages et des méthodes dites alternatives. Malgré notre formation, constante et approfondie, et notre conviction profonde en faveur du « faire autrement »… il y a pourtant toujours un moment où on se retrouve, presque sans s’en rendre compte, à coller à une forme de tradition. Peut-être pour (se ?) prouver que ce qu’on fait, c’est bien « sérieux », même si ça ne ressemble en rien aux normes établies.
Libérons-nous de nos représentations limitantes !
Comme tu le vois, au fil de ces années passées à la tête d’EduSens, j’ai réalisé une chose qui me paraît essentielle : « apprendre à apprendre », accumuler les outils et les méthodes innovant.e.s ne suffit pas. Pour que nos efforts portent leurs fruits, il faut remettre en question nos représentations de l’Ecole, de l’apprentissage ou des devoirs. Sans cela, on ne parviendra pas à sortir de ce qui m’a tout l’air d’être de l’isomorphisme, cette tendance à finir par ressembler au système, à l’institution ou au milieu dans lequel on évolue.
C’est pourquoi je t’invite aujourd’hui à prendre le temps de prendre conscience de tes propres représentations des devoirs et de l’apprentissage. C’est le premier pas vers un changement radical dans notre manière d’envisager le temps des devoirs, et l’apprentissage en général.
Et, entre nous, il est aussi grand temps de réaliser que le travail n’est pas synonyme de souffrance et sortir du « no pain no gain ». Mais ça, c’est pour une prochaine fois ! 😘
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Cet article est la Chronique Buissonnière du 08/03/2024. Si tu as aimé et que tu veux recevoir les prochaines newsletters, il suffit de t’inscrire ici!
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